samedi 15 avril 2017

L'ILE SONNANTE N° 15 - MARS 1911

L'ILE SONNANTE
N° 15 (Mars 1911)
[Date de publication : Mars 1911 - Couverture : Série (2e), Numéro, Date, Titre (en rouge), Sous-titre, Périodicité (Paraissant tous les mois), Sommaire, Prix du numéro, Adresse - 2e de couverture : Titre, Adresse, Rédaction ("Le Mardi de 5 heures et demie à 7 heures et demie"), Comité de Rédaction, Mentions ("Adresser toutes les communications à M. Michel Puy, 21, rue Rousselet, Paris (VIIe)" ;  "Les manuscrits peuvent aussi être déposés chez MM. Charles Callet, 23 rue de Vaugirard, Paris, 6e (le samedi soir de 9 à 11 h.), Édouard Gazanion, 67, rue Caulaincourt, Paris, 18e (le mercredi de 5 à 7 h.), et Louis Pergaud, 6, rue des Ursulines, Paris 5e (le mercredi soir de 9 h. à 11 h.)", "Les auteurs sont seuls responsables de leurs articles" / "Les manuscrits seront retournés aux auteurs qui en feront la demande, mais l'Administration de la Revue décline toute responsabilité en ce qui concerne les manuscrits qui viendraient à être perdus ou détruits." / "La Revue ne paraît pas pendant les mois d'août et de septembre."), Abonnement, Abonnement d'essai ("3 Numéros : 1 franc") - 3e de couverture : Livres récents (liste), Publicité (Le Courrier de la Presse) - 4e de couverture : Revues à lire (Arlequin, L'Art libreLes Bandeaux d'or, Le Beffroi, Le Centaure, La Chronique des lettres françaises, Le Divan, Le Feu, Les GuêpesIsis, Les Marges, Mercure de France, La Nouvelle Revue françaiseL'Occident, Pan, La Phalange, Les Poèmes, ProposLes Rubriques nouvelles, Le Spectateur, Vers et Prose- Bas de Page 160 : Gérant, Imprimeur - Pagination : 32 pages]
Sommaire
Daniel Thaly : Le Jardin des Tropiques : I. Aux Antilles (p. [129]) ; II. Crépuscule de Décembre (p. [129]-130) ; III. Soirs de Vent, poèmes (p. [129]-130)
Louis Pergaud : La Fontaine et la psychologie animale, étude (p. [131]-143)
Jean Fabre : Pays de Tamaris..., poème (p. [144])
Roger Frène Stances nostalgiques : "Michel Puy, vous souvenez-vous..." (p. [145]-146) ; "Prodigue de ses horizons..." (p. 146-147) ; "Nous fûmes rayonnants de foi..." (p. 147-148) ; "C'est l'ère du renoncement..." (p. 148-149), poèmes [datés "1908"] (p. [145]-149)
Tristan Derème : Chronique des Poèmes, comptes rendus [Pierre Jean Jouve : Les Muses romaines et florentines (Messein) - (p. [150]-151) ; Georges Périn : Le Chemin, l'Air qui glisse (Bernard Grasset) - (p. 151-152) ; Berthe Reynold : Par les chemins (La Phalange) - (p. 152-153) ; Édouard Gazanion : Chansons pour celle qui n'est pas venue (Vers et Prose) - (p. 153-154)] (p. [150]-154)
Michel Puy Les Revues [Quelle différence d'état d'esprit on constate dans les milieux littéraires, quand on se rappelle les petites revues, telles qu'elles étaient il y a dix ans, et qu'on les compare à ce qu'elles sont aujourd'hui ! On était alors socialiste, anarchiste, internationaliste ; on était follement ombrageux à l'égard de tout ce qui représentait l'ordre ou le pouvoir ; on avait foi dans une sorte de devenir social où s'adoucissaient peu à peu les dures lois de la vie des peuples. On était hostile à tout ce qui incarnait l'esprit national ou l'autorité. On faisait volontiers l'éloge des pays étrangers et on oubliait, en faveur de la petite patrie provinciale, la grande patrie française. Aujourd'hui, au contraire, nous rencontrons partout des signes d'attachement au pays, de réaction contre un égalitarisme étroitement entendu, de résistance aux prétentions de l'étranger. Des revues, soit en France, soit dans les pays de langue française, se sont fondées pour défendre la culture française contre l'envahissement germanique. L"une, les Marches de l'Est, essaie de grouper les efforts de toutes les contrées qui sont en lutte contre l'invasion de l'esprit allemand : Alsace, Lorraine, Ardennes, Luxembourx, Pays wallons, Suisse romande. A Gand, viennent de se fonder les Moissons futures qui ont pour but de "défendre et propager la littérature d'expression française en Belgique et spécialement en Flandre". Les Feuillets, revue genevoise qui vient de remplacer la Voile latine disparue, revendiquent le droit pour les Suisses français de développer leur propre culture dans son sens particulier, de s'opposer à l'esprit de conquête des Suisses allemands. / Dans les revues de littérature pure, on retrouve un commun désir de redire la valeur de notre art, la fidélité au passé littéraire de notre pays. Nous avons pris goût à tout ce qui est notre raison d'être, nous avons repris conscience de la valeur de notre race, et nous nous sommes mis à affirmer notre droit à rester ce que nous sommes, avec nos traits distinctifs et ce que les étrangers appellent nos défauts et qui n'est que l'envers des qualités qu'ils nous envient. Dans un journal républicain et démocrate qui s'est signalé par son ardeur dans la lutte politique, il y a dix ans, et qui est ressuscité il y a quelques mois, les Droits de l'homme, on discernerait des tendances du même ordre : volonté d'instaurer un régime de liberté qui tourne au profit de tous et non pas seulement d'une faction, de défendre le peuple contre ses propres exigences, de revivifier le sentiment national. Nulle part on ne constate plus cette ardeur inconsidérée qui poussa les "intellectuels" à tolérer les théories absurdes des sans-patrie, à se laisser gagner par la maladie collectiviste, à se fier à la vertu du désordre, à imaginer une organisation sociale dans laquelle, en l'absence de tout commandement, tout fonctionnerait à la perfection. Tous sentent qu'il ne faut pas faire fond sur des utopies, mais sur des réalités vivantes. / Comme pour confirmer ce renouveau de l'esprit national, l'admiration la plus hautement avouée par la jeunesse s'est portée sur Racine, c'est-à-dire sur celui de nos écrivains qui représente de la manière la plus particulière les tendances françaises et qui reste le plus fermé aux étrangers. Cette admiration est devenue article de foi. Si un conférencier entreprend de le contredire, il occasionne un scandale presque plus politique que littéraire. Et pourtant nous devrions être reconnaissants à M. Fauchois de nous avoir, par ses critiques un peu forcées, donné l'envie de sonder notre propre sentiment à l'égard de l'oeuvre de Racine. En général, les grands écrivains ne nous sont parvenus que sous l'escorte de la glose des commentateurs qui ont interposé, entre eux et nous, un monde d'idées conventionnelles. Pour eux, le théâtre de Corneille nous expose la lutte du devoir contre la passion, dont il triomphe toujours. Pourtant, si l'on en croit Moréas dans ses Variations, "tout Paris acclamait le Cid, et il paraissait si beau qu'il donnait de l'amour aux dames les plus continentes." Ne faut-il pas en conclure que cette tragédie, comme beaucoup de succès littéraires, fut douée de cette vertu d'excitation qui agit même sur les honnêtes femmes et les incline à sacrifier leur devoir à la passion, même imaginaire ? / Ce serait une belle tâche, pour nos contemporains, d'aborder directement les grands écrivains en faisant abstraction de tout ce qui a été écrit sur eux. C'est à quoi s'est efforcé M. Henri Ghéon dans un article de la Nouvelle Revue Française, intitulé "l'exemple de Racine". "Rien ne dénote, dit-il, à ses débuts, rien ne confirme dans la suite, fût-ce en un éclair passager, ni le bouillonnement d'images qui tourmentait un d'Aubigné, ni l'impulsion grandiloquente d'un Corneille, ni l'aisance si variée d'un La Fontaine, ni la verve drue d'un Molière. Racine porte en lui quelque chose de moins puissant mais de plus rare, et ses premières poésies, par quelques vers de paysage doux, fins et frais, le révèlent à qui sait lire : l'instinct de la valeur sensuelle des mots, selon leur place dans la phrase, une voix non pas faite pour convaincre ni exalter, mais pour chanter, aimer, séduire... Caresse du langage, voilà son don premier, personnel et irréductible." / Pour n'avoir point subi l'épreuve du temps comme Racine, Renan n'en reste pas moins goûté, aimé des amis des lettres. M. André du Fresnois, dans les Rubriques nouvelles, discute les assertions des professeurs comme M. Parigot, M. Fonsegrive, qui contestent son oeuvre au point de vue historique et philosophique et qui jugent qu'il n'a rien laissé que la trace de sa personnalité. "Ne rien laisser que la trace de sa personnalité, écrit M. du Fresnois, dites-moi, graves universitaires, êtes-vous sûrs que cela ne soit rien ? Êtes-vous sûrs que cela ne soit pas tout ?" / A côté de la tâche qui s'offre à nos contemporains de pénétrer l'œuvre de nos meilleurs auteurs, il leur en revient une autre qui n'est pas moins belle, celle de défendre contre des critiques étroites l'oeuvre des écrivains qui représentent le mieux les lettres françaises : aujourd'hui Renan, hier Baudelaire. / Michel Puy. / A propos de ma dernière chronique, M. Eugène Montfort me fait observer que "depuis le numéro de juillet dernier, Philoxène Bisson donne aux Marges des extraits des autres revues, ce qui paraît plus intéressant pour le lecteur qu'une énumération monotone de titres d'articles." / Une chronique des revues pourtant ne pourrait-elle pas devenir fort intéressante si elle était faite avec le même soin que les autres chroniques des Marges ?], chronique (p. [155]-157)
R[oger]. F[rène]., M[ichel]. P[uy]. : Notes, notes [L'idée de perfection (suite). - Un ami a bien voulu s'intéresser à la question soulevée dans le précédent numéro sur les conditions de la perfection littéraire et la distinction qui était faite entre la pureté verbale et la pureté artistique... - (p. [158]-159) - signé R. F. ; La crise du français. - Il paraît qu'on ne sait plus écrire en français. Les jeunes ingénieurs sont incapables d'exposer leurs idées clairement, de donner une forme agréable à un rapport professionnel. Les élèves des lycées, dans leurs compositions de style, prodiguent les incorrections. A la Sorbonne enfin, la science particulariste a absorbé toute l'attention des étudiants et des maîtres, et n'a pas laissé de place à l'art de bien dire et de bien penser. / La revue Les Marges, en prenant l'initiative d'une pétition pour la réforme des programmes qui régissent depuis 1902 l'enseignement des lycées, a au moins atteint ce résultat de nous fournir une donnée précise ; on a trop diminué, dans ces programmes, la part du latin et du français, bases certaines de toutes études sérieuses... - (p. 159-160) - signé M. P.] (p. [158]-160)

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