samedi 31 mars 2012

PLUME AU VENT N°3 - MARS 1922

PLUME AU VENT
N°3 (Mars 1922)
[Date de publication : Mars 1922 - Couverture : Imprimée en noir sur papier bleu (Série [Nouvelle Série], Numéro, Prix du Numéro, Date, Titre, Sommaire, Adresse de la Direction) - 2e de couverture : "Les Concerts / Plume au Vent / Des invitations spéciales seront envoyées aux abonnés / [dessin d'une H couchée] / Plume au Vent / Est une Œuvre / de Patience / et de Foi / Abonnez-vous pour la faire vivre / Abonnement : un an, 10 francs / Les Abonnements sont reçus par : / MM. André Mora, 22, rue Duroc, VIIe / Ch. Tillac, 14, rue Saint-Jean, XVIIe / ou J. Royère, 33, rue Franklin, XVIe"  -  3e de couverture : Les Livres de Prose (par Charles Tillac) - 4e de couverture : Petites annonces de Plume au Vent (Plus Vite & Meilleur Marché / Travaux dactylographiques / en tous genres / Romans, Nouvelles, etc. / Georges Bousquié, 134, avenue d'Orléans, XIVe ; L'Argus de la Presse) ; Imprimeur - Page [1] : En-tête (Numéro, Date, Titre) - Page 12 : Imprimeur, Gérant - Pagination : 12 pages]
Sommaire
Plume au Vent : Par Belphégor ! (p. [1]-2)
*** : Impertinences : Décentralisons ! (p. 2) ; L'entraide (p. 2-3) ; L'engrenage (p. 3)

Jean Royère : Le poète Fernand Mazade [en note : "A propos de son livre De Sable et d'Or (Garnier, éditeur)"] (p. 3-7)

Fernand Mazade : Poèmes : Fêtes ; Abiézer (p. 7) ; Voyages (p. 8), poèmes (p. 7-8)

André Mora : La Veuve, conte [suite et fin] (p. 8-12)

Ch[arles]. Tillac : Les Livres de Prose [Maurice d'Hartoy. - Les Propos de Jacobus ou les merveilles du progrès - Perrin et Cie, éditeurs ; Etienne Le Gal. - Le Duel d'Amour et de Célibat. - Messein, éditeur] (3e de couverture)
Document
"Par Belphégor !"
Puisque l'Actualité nous ramène à la vieille querelle de Minerve et de Belphégor - l'intelligence et la sensation - nous ferons nôtres les conclusions de M. Lamandé dans la Renaissance politique et littéraire :
"Il reste donc simplement à se demander, non par laquelle des deux facultés, à l'exclusion de l'autre, s'alimente l'Art contemporain ; mais de quelle façon elles s'équilibrent et se compénètrent".

Nous distinguerons avec lui dans l'Art, la Source et les Procédés. La poésie naît de l'émotion ; elle tend à l'Idée pure. C'est pourquoi les grands sensitifs - Rimbaud, Corbière, Verlaine, Nau - aboutissent à la recherche de Dieu ; plus sûrement que les "disciples de Minerve", dont le point de départ poétique est l'abstraction froide du concept ; intellectuels et raisonneurs, ces derniers ne peuvent rendre leur œuvre viable dans cet air raréfié... Ils se délectent, dirait-on, à des jeux d'esprit ; ils ne ressentent pas l'ivresse intérieure qui anime "les Belphégoriens"... Par contre, partis de l'Idée, c'est à la sensation brute qu'ils aboutissent le plus souvent... Et voilà mis en pratique le mot de Pascal : "Qui veut faire l'ange fait la bête." L'homme est le résultat d'un équilibre : la Chair et l'Esprit. Ne cherchons pas plus avant. Par le moyen des sens, la Religion nous enlève jusqu'aux sommets. Elle ne procède pas suivant le rite minervien (d'ailleurs elle a condamné le jansénisme dans toutes ses manifestations). Mais, perçue par notre émotion, la Foi demande à la Raison de soumettre et d'ordonner notre vie ; la Raison ne peut qu'y gagner, car, à la clarté du cœur, tous les problèmes philosophiques deviennent lumineux.
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Ceci admis, ne vous parait-il pas légèrement désuet d'employer - en l'an de grâce 1922 - les termes de Minerve et de Belphégor pour désigner l'Esprit et la Chair ? Ces appellations antiques nous prouvent la confusion que font encore les écrivains soumis aux dernières exigences du paganisme... Par contre, les démobilisés ne se soucient pas plus de la déesse Minerve - aux yeux pers - que du bouillant Belphégor ! Nous ne les avons pas rencontrés au cours de nos périples guerriers...
Et si la victoire de 1918 est une victoire latine, il ne faut pas oublier que la latinité chrétienne a remplacé depuis fort longtemps celle de Lucrèce ou d'Horace.
PLUME AU VENT.
Impertinences
"Décentralisons !"
On ne peut pas accuser Plume au Vent de "donner" dans l'incompréhensible, et le labyrinthé. Nous avons pris position contre les gens du dernier bateau, et nous prions nos lecteurs de bien remarquer que nous ne leur proposons pas des systèmes de Poésie personnels ou révolutionnaires.

S'ensuit-il que la poésie populaire soit destinée à demeurer monologue pour dire après-dîner, et qu'exiger du public l'attention dont il honore certains films, soit lui demander trop ?...

Nous serions tentés de le croire si l'accueil chaleureux fait à Plume au Vent par certaines provinces ne nous dédommageait de l'incompréhension quasi-totale, manifestée par d'autres.

Voici l'extrait d'un jugement - nul n'est prophète en son pays ! - que nous trouvons dans notre courrier......

Une jeune publication littéraire, s'appelle la "Plume au Vent".

Elle indique comme collaborateurs, les noms très limousins ! de MM. Jean ROYÈRE, Charles TILLAC, Olivier COLLIN, qui doivent être des compatriotes. Raison de plus pour les remercier de leur envoi et d'encourager leur essai. (sic)

Par exemple, au risque de les faire sourire ou de les indigner, j'avoue être réfractaire au symbolisme des Beaudelaire (sic), Mallarmé, Claudel, qu'ils disent vouloir continuer, en ayant soin, toutefois, ce dont il faut les louer, de "puiser l'inspiration aux sources de la plus haute spiritualité".

Évidemment l'intention est bonne, mais comme il faut être initié pour suivre les deux poèmes que M. Charles Tillac consacre à Lourdes et dont voici les derniers vers :
Et le Magnificat en volutes de bleu
Soleil s'enroule autour de la Mère de Dieu
Qui guette le Supplice et le cri des piscines.
Moi, quand j'essaie de lire ça, je me sens guetté par une violente migraine...

A noter que ce journal est catholique.

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