dimanche 25 mars 2012

LE MANUSCRIT AUTOGRAPHE N°39 - JUILLET-AOÛT-SEPTEMBRE 1932

LE MANUSCRIT AUTOGRAPHE
N°39 (Juillet-Août-Septembre 1932)
[Date de publication : Juillet-août-septembre 1932 - Couverture : Date, Année (Septième Année), Numéro, Titre, Périodicité, Directeur, Vignette, Éditeur, Adresse, Année (1932) - 2e de couverture : Titre, Périodicité ("Paraissant régulièrement tous les trois mois"), Prix du Numéro et Abonnements ; Le Manuscrit Autographe en Belgique - 3e de couverture : Vient de paraître dans la / COLLECTION / MASQUES ET IDÉES / FRONTONS / (première série) / BAUDELAIRE - VERLAINE - RENAN - MALLARMÉ - SIGNORET - GASQUET - NAU - GHIL - DE FARAMOND - GIDE - JAMMES - VALÉRY - CANTACUZÈNE - APOLLINAIRE - LARBAUD - GODOY / illustrés de portraits des auteurs étudiés / par / JEAN ROYÈRE / PRIX LASSERRE 1931 / Le tirage est limité à 1750 exemplaires numérotés. / Prix : 20 francs. / CE LIVRE EST UN RECUEIL DE PROSES / ET CONSTITUE LES SOUVENIRS DE JEAN ROYÈRE / ÉDITIONS SEHEUR / 10, rue Tourlaque, Paris / AUGUSTE BLAIZOT & FILS / 164, Faubourg Saint-Honoré, Paris / reçoivent les souscriptions à cet ouvrage - 4e de couverture : En vente à notre Librairie / NUMÉRO SPÉCIAL / DU / Manuscrit autographe / consacré à / CHARLES BAUDELAIRE / Un volume in-4° carré de 154 pages de texte et de reproductions en fac-similé des manuscrits, lettres, épreuves avec corrections de l'édition originale des FLEURS DU MAL de 1857, dont une partie inédite, dessins, portraits, etc., etc., d'un certain nombre de lettres autographes et documents de : Gustave Flaubert, Barbey d'Aurevilly, Leconte de Lisle, Th. de Banville etc. etc. adressés à Charles Baudelaire et documents le concernant / Importantes études sur / BAUDELAIRE ET SON ŒUVRE / par / Paul VALÉRY, de l'Académie Française - Baudelaire dessinateur. / Léon CLADEL - Ma première rencontre avec Baudelaire. / Jacques CRÉPET - Causerie du Scoliaste. / Armand GODOY - Hommage à Baudelaire. / Fr. de MIOMANDRE - Magie de Baudelaire. / Jean ROYÈRE - La Fontaine et Baudelaire. / DÉTAIL DU TIRAGE : / 1000 exemplaires sur papier vélin Lafuma, prix : 75 fr. / 100 exemplaires sur Madagascar, numérotés : 200 fr. / Cet ouvrage est du format de la revue "Le Manuscrit Autographe" ; Imprimeur, Éditeur-Gérant - Page de faux-titre (non numérotée) : Année (Septième Année), Numéro, Titre, Périodicité, Sommaire, Éditeur, Adresse - Verso du faux-titre (non numéroté) : Citation de Mallarmé en épigraphe : "Hyperbole ! de ma mémoire / Triomphalement ne sais-tu / Te lever, aujourd'hui grimoire..." - Page [122] : muettes - Pagination : 124 pages (122 pages numérotées de 1 à [122], précédées des deux pages non numérotées de faux-titre et de l'épigraphe)]
Sommaire
MANUSCRITS
Camille Lemonnier : Les dix-huit ans de Denise, comédie [précédée d'une dédicace à "ma chère Denison" datée de "janvier 1912" - inédite] (p. 1-13)
Edmond Picard : Scène de la vie judiciaire. Mon oncle le Jurisconsulte [daté "Famelette, 19 septembre 1884"] (p. 14-35)
Grégoire Le Roy : Le passé qui file [daté "1887"] (p. 36) ; Les Portes closes [daté "1888"] (p. 37-38) ; L'hiver qui vient [daté "5 nov. 89"] (p. 39) ; Les Silences [daté "Janvier 1908"] (p. 40-43) ; Que de fois, par les soirs d'hiver... [daté "1922"] (p. 44), poèmes (p. 36-44)
Jean de La Fontaine : Lettre à son oncle Monsieur Jeannart, lettre [datée "ce 16 mars 1658"] (p. 45-46)
Marie Bonaparte : Fragment final de mon Edgar Poe [daté "le 4 octobre 1931"] (p. [47]-54)
Louis Barthou : Pierre Loti et le Pays Basque (p. 55-62)

Pierre Lagarde : Poème pour une danseuse catalane [Pour Teresiha - illustré d'un dessin de l'auteur] (p. [63]-64)

Jean Royère : Nouvelles Proses pour Denise : Strophes [en épigraphe : "Si c'est une fille, je l'appellerai Denise" (Sa mère, plage de Dinard, août 1928)] ; Sonnet [à Divine Saint-Pol-Roux] ; Poème [A Marie], poèmes [datés "Dinard septembre 1932"] (p. 65-67)
GLOSES DE JEAN ROYÈRE ET CHARLES-ANDRÉ GROUAS
Paul Bouju : Louange du Manuscrit Autographe (p. 68-70)

Charles-André Grouas : Gloses sur les manuscrits belges : Avant-propos (p. 70-72) ; Le manuscrit de Camille Lemonnier (p. 72-74) ; Le manuscrit d'Edmond Picard (p. 74-75) ; Les manuscrits de Grégoire Le Roy (p. 75-76)
Jean Royère : La lettre de La Fontaine (p. 76-79) ; Le manuscrit de la Princesse de Grèce (p. 79) ; Les poèmes de Natalie Clifford Barney (p. 79-81) ; Le manuscrit de Louis Barthou (p. 81-82) ; L'étude de Claude Farrère (p. 83-84) ; Le discours de M. Paul Bouju (p. 84) ; Les poèmes d'Emmanuel Lochac, de Charles de Richter, de Pierre Lagarde et de Roger Lannes (p. 84-87)
LES FÊTES FRANÇAISES
Natalie Clifford Barney : Dompteur de piano (p. 87) ; Quelques quatrains (p. 87-88) ; Dernier jugement (p. 88-89) ; Plus que le communisme (p. 89-90) ; Aimer (p. 90-91) ; Regrets d'Amazone ; Résumé (p. 91) ; Deux poèmes anglais (p. 92), poèmes (p. 87-92)
Claude Farrère : Pierre Louÿs (p. 93-106)
Emmanuel Lochac : Récitatif pour l'hiver, poème [30 sections] (p. 107-114)

Roger Lannes : Mémoire (p. 114) ; Jardins [A Michel Poissenot - daté "Août 1932"] (p. 115), poèmes (p. 114-115)
Charles de Richter : Au fil du temps... (p. 116) ; Images (p. 117) ; La cellule (p. 117-119) ; La chambre bleue (p. 119-121), poèmes (p. 116-121)
Document
"Louange du Manuscrit Autographe"
Lorsqu'au cours d'une longue carrière il m'arrivait d'occuper un siège comme celui-ci, j'ai plus d'une fois été tenté de transposer le premier vers de la première Satire de Juvénal. Le poète latin gémissait de n'être jamais qu'un auditeur et soupirait : Quand donc parlerai-je à mon tour ?
"Semper ego auditor tantum ? Nunquam ne reponam."
C'est le sentiment contraire dont je suis le plus volontiers animé, et depuis plus de trois ans je me complais indolemment dans le rôle d'auditeur attentif et charmé.

Vous m'en tirez pour un jour, mon cher Jean Royère. Comment résister à la Muse quand elle parle par la voix du commentateur subtil de Baudelaire et de Mallarmé, du savant théoricien du Musicisme, du poète inspiré d'"Eurythmies", de "Quiétude", de "Denise", dont la main magistrale vient de sculpter des Frontons éblouissants dans une prose marmoréenne.

Je suis venu vous apporter un témoignage de haute estime pour votre œuvre et évoquer avec vous quelques beaux souvenirs. Il en est un qui nous est particulièrement cher à tous les deux. C'est le banquet organisé en 1928 par la Revue que vous dirigez avec une telle maîtrise, et que soutiennent avec tant d'abnégation MM. Blaizot qui l'éditent, Le Manuscrit Autographe, en l'honneur du Prince Charles Cantacuzène. Quelle fête de l'esprit ce fut ce soir-là ! Notre grand ami Louis Barthou la présidait avec sa verve plus juvénile que jamais et le héros de cette journée remercia par un discours étincelant ceux qui avaient rendu hommage à son œuvre poétique si vaste, si variée, dont une anthologie nous apportait récemment l'exquise quintessence.

Ce jour-là, Le Manuscrit Autographe s'affirma comme l'un des organes contribuant le plus efficacement à entretenir parmi nous le goût, la passion de la "chose littéraire". Périodiquement il nous apporte à la fois des articles de haute et pénétrante critique et des fac-simile de manuscrits qui offrent à notre insatiable curiosité l'aliment le plus délicat.

Rien de plus passionnant que de pénétrer aussi avant que possible dans la pensée d'un auteur en scrutant l'aspect des caractères tracés par sa main, au moment même où l'idée se précisait dans son cerveau. Il nous est ainsi donné parfois d'assister à l'élaboration progressive d'une phrase ou d'une strophe qui n'ont pas coulé d'un premier jet, et dans les retouches apportées au rythme de la période, à l'hésitation entre deux épithètes, nous prenons une leçon de style très instructive et parfois très piquante.

Je ne sais pas à cet égard d'exemple plus frappant que la reproduction que vous donniez tout récemment dans "Frontons" d'un fragment d'un manuscrit de Renan où, dans une phrase célèbre, se glisse mystérieusement un rayon de Sirius. Cette étude du manuscrit est devenue maintenant un des éléments de la critique littéraire. L'un des maîtres de la pensée contemporaine, M. Brunschvicg, a présidé à la reproduction gravée de quelques-uns des documents les plus vénérables qui soient au monde. Ce sont les "petits morceaux de papier sur lesquels Pascal écrivait ses pensées à mesure qu'elles lui venaient dans l'esprit" - comme le dit avec une simplicité charmante la préface de l'édition de 1669.

Les dévots à Montaigne se penchent avec délices sur la reproduction de l'exemplaire de Bordeaux chargé des notes marginales de notre vieux Michel, qui ne se calomniait pas en avouant qu'il "peignait assez mal". Le Préfet de l'Ambrosienne a donné tous ses soins à la reproduction du Virgile où, sur la page de garde, d'une écriture impeccable, Pétrarque a noté en des lignes que nous savons tous par cœur la rencontre providentielle du 6 avril 1327.

Cette méthode que les princes de l'érudition ont appliquée à un très petit nombre de documents illustres, vous l'avez élargie à l'ensemble des œuvres qui vous paraissent mériter un tel honneur. Ces joies délicates, vous les rendez accessibles au lecteur moyen.

Mon éminent successeur Édouard Renard, grand ami des lettrés et des artistes, a voulu que dans chacune des bibliothèques de la ville les plus modestes amateurs puissent s'initier à ces raffinements dont s'enchantent les doctes confrères de Sylvestre Bonnard.

Grâce à vous, nous possédons cette relique émouvante, les ébauches des sonnets de Heredia, colligés par Pierre Louÿs, - et nous pouvions, dans un de vos récents fascicules, contempler avec recueillement la magnificence souveraine d'un des plus beaux manuscrits de Victor Hugo, son poème sur la mort de Théophile Gautier.

Je me suis laissé entraîner, cédant à une passion innocente ; mais tous les bibliophiles, - et je suis sûr qu'ils sont nombreux ici - me pardonneront. Il est grand temps que je donne la parole au Poète d'abord et ensuite aux Muses.
Paul BOUJU.

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