dimanche 2 octobre 2011

LE MANUSCRIT AUTOGRAPHE N°9 - MAI-JUIN 1927

LE MANUSCRIT AUTOGRAPHE
N°9 (Mai-Juin 1927)
[Date de publication : Mai-juin 1927 - Couverture : Date, Année (Deuxième Année), Numéro, Titre, Périodicité, Directeur, Vignette, Éditeur, Adresse, Année (1927) - 2e de couverture : Titre, Périodicité ("Paraissant régulièrement tous les deux mois"), Prix du Numéro et Abonnements - 3e de couverture : muette - 4e de couverture : Imprimeur, Éditeur-Gérant - Page de faux-titre (non numérotée) : Année (Deuxième Année), Numéro, Titre, Périodicité, Sommaire, Éditeur, Adresse, Année (1927) - Verso du faux-titre (non numéroté) : Citation de Mallarmé en épigraphe : "Hyperbole ! de ma mémoire / Triomphalement ne sais-tu / Te lever, aujourd'hui grimoire..." - Page [4] : muette - Page [149] & [150] : muettes - Pagination : 152 pages (150 pages numérotées de 1 à [150], précédées des deux pages non numérotées de faux-titre et de l'épigraphe)]
Sommaire
Jean Royère : Nos numéros spéciaux. Le numéro de Baudelaire (p. 1-3)
AUTOGRAPHES
Pierre Louÿs : Psyché, roman inédit [première partie] (p. 5-93)

Tristan Bernard : Un Mari pacifique. Résolutions (p. 94-95)

Georges Courteline : La philosophie de Georges Courteline (p. 96-101)
André Gide : Rilke [en haut à droite, mention de l'éditeur : "Insel verlag"] (p. 102)
Francis Jammes : Graphologies (suite) [Pierre Termier ; Jean Pavie ; Rachilde ; Louis Le Cardonnel ; Gustave Kahn ; Remy de Gourmont - daté "Hasparren, 1927"] (p. 103-110)
Jean Moréas : Sur quelques Poètes, lettre [réponse à l'enquête : "Le siècle qui finit a-t-il été un grand siècle poétique ?"] (p. 111-116)
Jean Segrestaa : Le bain troublé, poème [extrait de Le poème de Daphnis] (p. 117)
Raymond de la Tailhède : A Monsieur Paul Bouju, Préfet de la Seine, auparavant Préfet de la Loire-Inférieure, sonnet (p. 118)
LES FÊTES FRANÇAISES
Francis Jammes : Chronique : Victor Hugo (p. 119-123)

René Chalupt : La Peau de l'Ours : Monticelli ; Berthe Morisot ; X.-K. Roussel ; Charles Guérin ; Signac ; Chirico ; Marie Laurencin ; Roger de la Fresnaye ; Renoir ; Maurice Denis ; Pablo Picasso ; Claude Monet ; Bonnard ; Manet ; Degas ; Henri Rousseau ; Angel Zarraga ; Foujita ; Gauguin ; Van Dongen ; Jose-Maria Sert, poèmes (p. 123-130)
Fernand Divoire : Fleur [citation de C. R. en épigraphe : "En forme de fleur"] : Tige ; Sève ; Coupe ; Parfum,  poème [Extrait de Secrets, poèmes avec parenthèses, à paraître] (p. 130-133)

Armand Godoy : Nocturne de Chopin. Op. 15, numéro 1, poème (p. 133-134)
André Mora : Images nautiques, poème [Pour Armand Godoy - daté "1er Mai 1927"] (p. 134-135)

Paul Souday : Dialogues critiques : Sur un mot de Thibaudet (p. 135-140)

Raymond de la Tailhède : Esquisse de Jean Moréas (p. 140-148)
Document
"Nos numéros spéciaux : Le numéro de Baudelaire"
En créant "Le Manuscrit Autographe" nous avons voulu manifester selon nos moyens la continuité de la littérature française ; nous la figurons par le seul fait de publier des manuscrits de grands écrivains d'autrefois à côté de textes d'auteurs vivants, comme s'ils étaient contemporains. Notre revue éclaire le présent par le passé et continue l'un par l'autre, montrant que le génie français a des méandres, mais ne disparaît jamais sous terre. En plaçant Cézanne au Louvre, on donne une signification plus grande à Lebrun et à Philippe de Champaigne !

Il vous a paru que nous porterions ce synchrétisme à son comble et le rendrions plus éclatant par des numéros spéciaux, vastes, aérés, architectoniques, parés autant que possible de textes inédits, et alternativement consacrés à des génies d'hier et à des auteurs d'aujourd'hui. Nous avons commencé - cela s'imposait - par Baudelaire !

Notre premier numéro spécial, monument à Charles Baudelaire, vient de paraître.

C'est un volume de 156 pages, dont cent douze manuscrites ou iconographiques et cinquante environ d'études imprimées.

Baudelaire y est synthétisé, tout d'abord, par des manuscrits de ses poèmes en vers, de ses poèmes en prose, de ses lettres, billets et dessins. Nous avons trouvé le moyen de mettre là, de l'inédit ! C'est devenu bien difficile avec Baudelaire ! Y a-t-il un autre écrivain qui ait été l'objet de tant de recherches patientes, méthodiques, scrupuleuses ! L'église de Baudelaire, c'était jadis une chapelle, hier une basilique ; ce sera, demain, l'humanité !

Eh bien ! dans ce numéro spécial, les dévots du Grand Poète trouveront des reliques nouvelles : soit des textes entièrement inédits : lettres, billets ; soit des pièces capitales présentant d'importantes retouches et variantes, et livrées dans la nudité du manuscrit ; enfin des dessins encore inconnus, notamment un extraordinaire portrait de Daumier, chef-d’œuvre de Baudelaire dessinateur.

Nous leur avons mis également sous les yeux plusieurs pages d'épreuves de la première édition des Fleurs du Mal, surchargées d'indications manuscrites, de recommandations et de corrections. Oh les beaux, les émouvants documents !

En outre et pour créer l'atmosphère, nous avons joint à ces textes des autographes de parents et d'amis. Les lettres de Mme Aupick y sont nombreuses.

Baudelaire adorait sa mère, mais leur différence de caractère, de sentiments et d'idées, fut la source d'un malentendu, hélas ! continuel, irréductible, principale cause des souffrances secrètes de ce cœur débordant. Le père de Baudelaire, son beau-père, le général Aupick, Madame Sabatier et Jeanne Duval, même la belle-sœur de Charles, dont il fut également épris, figurent à ses côtés. Enfin des lettres autographes et des documents de Flaubert, Barbey d'Aurevilly, Leconte de Lisle, Banville, Sainte-Beuve, lettres adressées à Baudelaire, documents le concernant, complètent ce panorama, ainsi que de belles pages de Léon Cladel, que nous avons imprimées dans les études liminaires parce qu'elles apportent un nouveau témoignage extraordinaire de désintéressement de Baudelaire, de sa bonté et de sa passion de la littérature.

Les autres études de Paul Valéry, Jacques Crépet, Armand Godoy, Francis de Miomandre, etc. - il ne serait pas convenable d'insister nous-même sur leur mérite - témoignent toutes d'une même ferveur pour Baudelaire.
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Armand Godoy (grand poète et partisan passionné du Grand Poète) nous a communiqué la plupart des documents dont se compose ce numéro. C'est donc lui qui a rendu possible ce monument pieux devant lequel bien des fidèles s'inclineront, nous en avons la certitude.

Que de livres, que d'études sur Baudelaire, dit-on parfois avec une stupeur dont l'accent nous déplaît. Que d'études ! Il n'en suscitera jamais assez, par la raison que Baudelaire est un génie quintessentiel, français et humain par excellence, que sa connaissance du coeur, sa clairvoyance dans le domaine moral, tient du miracle, que, frémissant de sensibilité, il est pourtant le poète qui a rétabli l'intelligence dans la poésie, qui lui a rendu sa place prépondérante, et c'est à ce titre surtout que Mallarmé et Paul Valéry sont ses disciples, qu'il est l'esprit le plus équilibré, le plus sagace, le plus exact et le plus puissant des temps modernes et qu'enfin sa poésie est un art suprême, strict, intégral et absolu. Baudelaire est le maître des maîtres et c'est être quelqu'un que de le comprendre entièrement et de le vénérer comme il le mérite.
Jean ROYÈRE.

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